Numéro 12 – Âgisme : construction et déconstruction des représentations liées à l’âge dans la littérature, les arts et les médias

Numéro 12 – Publication 2023

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Comité de Rédaction
Rédactrices en chef : Marie Grenon (Université Sorbonne Nouvelle) et Justine Le Floc’h (Université de Kyoto)
Responsable scientifique et dossier invité.es . Marie Grenon (Université Sorbonne Nouvelle).
Rédacteur.rices adjoint.es : Anthony Blanc (Université Sorbonne Nouvelle), Moïses Velasquez (Université Sorbonne Nouvelle) et Imane Zouini (Université Toulouse Jean-Jaurès).
Responsables des auteur.rices : Ondine Plesanu (Université Sorbonne Nouvelle) et Perrine Pontié (Université Aix-Marseille).
Responsable du comité scientifique : Yannan Wu (Université Sorbonne Nouvelle) et Justine Le Floc’h (Université de Kyoto).
Coordinateur.trice.s des ateliers : Fanny Corbel (Université Sorbonne Nouvelle) et Florès Giorgini (Université Sorbonne Nouvelle).
Coordinatrices du cycle des rencontres : Anne-Claire Marpeau (École Normale Supérieure de Lyon / University of British Columbia, Vancouver) et Charlotte Thomas-Hébert (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne).
Chargé.es de communication : Lucia Pasini (Université Sorbonne Nouvelle / Université de Turin) et Corentin Jan (Université Sorbonne Nouvelle / Ludwig-Maximilians Universität).
Graphiste : Raphaël Jamet (Université de Strasbourg).
Chargée du site internet : Juliette Le Gall (Université Rennes 2 / Università di Verona).

Comité scientifique
Pierre Zoberman (Université Sorbonne Paris Nord) ;
Sarah Neelsen (Université Sorbonne Nouvelle) ;
Mireille Naturel (Université Sorbonne Nouvelle) ;
Héloïse Van Appelghem (Université Sorbonne Nouvelle) ;
Bernard Ennuyer (Centre de Recherche des Cordelier) ;
Julia Gros de Gasquet (Université Sorbonne Nouvelle) ;
Sacha Peluchon (Université Sorbonne Nouvelle) ;
Michel Braud (Université de Pau et des Pays de l’Adour) ;
Paroma Ghose (Leibniz Institute for Contemporary History) ;
Cathy Dissler (Université d’Angers).


Comité de lecture
Lucie Bonnet (université Jean Monnet Saint Étienne)
Yasna Bozhkova (université Sorbonne Nouvelle)
Catherine Girodet (université de Reims)
Claire Couturier (université Sorbonne Nouvelle)
Fadi Khodr (université Sorbonne Nouvelle)
Ervina Kotolloshi (université Sorbonne Nouvelle)
Pamela Krause (Sorbonne Université)
Anais Ornelas (Sorbonne Université)
Maria Serafina Russo (université Sorbonne Nouvelle)
Charlotte Wadoux (université Sorbonne Nouvelle)


Conception graphique et mise en page : Jihane Chartier.
Couverture : Crédits Images : PNW Production (pexels), Zachary Drucker (CC The Gender Spectrum Collection), Edu Carvalho (pexels), Vincent Tan (pexels), Zachary Kyra-Derksen (Unsplash) et Zaeta Flow Sec (pexels).
Montage Photo : R. Jamet.

Numéro réalisé avec le soutien des écoles doctorales de l’université Sorbonne Nouvelle et de la Commission de la recherche de l’université Sorbonne Nouvelle.
ISSN 2804-7117. Traits d’union (Paris. Imprimé)

Le numéro – Sommaire

Editorial. Le mille et une formes de l’l’âgisme
Marie Grenon et Justine le Floc’h

Premier volet. Intermédialité : la libre circulation des stéréotypes âgistes

Vieillesse féminine chez Virginie Despentes et Elfriede Jelinek : entre consolidation et exclusion de la norme
April Dupont

Résumé : La recherche gérontologique s’accorde désormais pour considérer l’âge comme une construction sociale, au même titre que le genre. Quelle(s) performance(s) de l’âge en lien avec le genre féminin les littératures contemporaines française et autrichienne offrent-elles donc ? Grâce à deux exemples littéraires, la trilogie Vernon Subutex de Virginie Despentes et le roman Gier d’Elfriede Jelinek, la première partie de la présente contribution vise à déceler la performance (hétéro)normaliste de la vieillesse féminine, axée sur la fragmentation et l’objectification des corps. La seconde partie est dédiée aux stratégies de détournement et de contournement de la performance (hétéro)normaliste, entre reprise cynique du male gaze dans un projet littéraire plus global et investissement de concepts de réappropriation de l’âge social.

Âgisme, validisme et représentations dans les jeux vidéo
Axell Fontaine

Résumé : L’analyse de plusieurs jeux comportant des personnages âgés valides ou handicapés permet de constater que les représentations de ces groupes sociaux sont rares et stéréotypées. Elles effacent dans la majorité des cas les aspects de l’âge qui ne correspondent pas à la tyrannie du bien vieillir, notamment tout ce qui est lié au handicap. La vieillesse et le handicap semblent avoir une petite place dans la narration et les images des jeux, mais être totalement absents ou fortement aseptisés dans les gameplays. Lorsqu’un personnage âgé est jouable, ses capacités et les règles qui le concernent restent centrées sur des valeurs associées à la jeunesse et à la validité. L’étude de quelques méthodes de game design montre que des éléments du validisme et de l’âgisme sont inclus dans ces outils, et que l’examen des nombreuse intersections entre ces deux idéologies est nécessaire pour s’en émanciper.

Être sexuellement actif passé 40 ans. Pour HBO aussi, le sujet fait débat
Benjamin Campion

Résumé : HBO est une chaîne du câble premium américain qui revendique sa singularité et sa volonté d’aller à contre-courant du tout-venant télévisuel. En témoigne son célèbre slogan : « It’s not TV. It’s HBO ». Cette quête de démarcationpasse notamment par des représentations de nudité et de sexe qui versent parfois dans l’explicite. Les personnages de fiction (et leurs interprètes) ayant dépassé la barrière « fatidique » des 40 ans sont-ils concernés par ces types d’exposition ? Pour le déterminer, cet article se concentre sur les séries produites par HBO aux États-Unis entre août 2019 et août 2021, à partir d’un recensement personnel de l’ensemble des représentations de nudité et de sexe qui y figurent. Est plus spécifiquement questionnée la représentation de la sexualité des quadragénaires et quinquagénaires (celle des seniors de 60 ans et plus étant pour sa part quasiment invisible sur la chaîne), au regard de données statistiques puis d’une étude de cas centrée sur les actrices Nicole Kidman et Kate Winslet.

Les objets de l’incontinence, les professionnels de l’aide et les représentations de la vieillesse
Marie Lefelle

Résumé : Dans le cadre de la formation du personnel d’origine et de culture étrangères, le laboratoire Grammatica crée depuis plusieurs années des référentiels de compétences langagières destinés aux entreprises et aux instituts de formation. Après s’être intéressé à des secteurs en tension avec un fort besoin de main-d’œuvre, le laboratoire Grammatica s’intéresse désormais à un secteur sensible
mais porteur, l’aide aux personnes âgées. Ce domaine en particulier présente des caractéristiques inhérentes au facteur humain et au vieillissement des personnes aidées, c’est notamment le cas de l’incontinence fréquente chez les personnes âgées. Or l’analyse du corpus sur le plan langagier pour ce domaine en particulier, aura montré de manière surprenante et inattendue, une indécision, y compris de la part des professionnels, pour désigner les différents objets de l’incontinence, pourtant omniprésents dans la pratique.

Dossier invités – Partie I

L’âgisme anti-vieux en pratiques. Petit essai de typologie
Vincent Caradec

Le vieillissement sous l’oeil des SHS : l’Institut de la longévité, des vieillesses et du vieillissement
Emmanuelle Cambois et Francesca Setzu

L’âgisme au Japon (年齢差別) : perspectives sur la recherche contemporaine
Justine Le Floc’h

Planches

Archéologie familiale
Irvin Anneix

Second volet. Sénilités sublimes : des exemples de reconfiguration

L’image auctoriale de Marguerite Duras âgée : vieille écrivaine dans « la splendeur de l’âge » ?
Xiaolin Chen

Résumé : Depuis 1970, Marguerite Duras, qui a déjà la soixantaine, accroît manifestement sa notoriété jusqu’à jouir d’une reconnaissance presque unanimebet d’une consécration institutionnelle et publique, où son âge joue le rôle d’un mobile et d’un stimulant. Si elle fait l’éloge de la vieillesse à travers l’expression « la splendeur de l’âge » accordée à ses personnages âgés, la décrépitude représente pour Duras moins un atout qu’un subissement qu’elle reçoit et gère soigneusement dans son écriture et dans les domaines hors-textuels.

Mémoire et recyclage dans Visages Villages d’Agnès Varda. Autoportrait de la vieillesse d’une réalisatrice et de son dispositif cinématographique
Letizia Lusuardi

Résumé : L’objectif de cet article est d’étudier la tendance des films d’Agnès Varda à chercher à adopter un regard différent, et à déconstruire les représentations stéréotypées de la vieillesse des femmes. Cette étude se concentre sur l’avant-dernier film de Varda, Visages Villages, dans lequel elle interroge le fait d’être une artiste vieillissante, pratiquant un art ayant vieilli avec elle, le cinéma, art selon elle en crise et en voie de disparition. En particulier, l’article analyse l’une des dernières scènes du film, où Varda parcourt la Grande Galerie du Louvre, voulant nous proposer le cinéma comme lieu privilégié de représentation de la vieillesse parce que celui-ci est capable de devenir, à la manière d’un musée, un lieu de conservation de toutes les traces matérielles que le temps a laissées derrière lui.

Troisième volet. Tantôt déviante, tantôt dérisoire : les stéréotypes âgistes visant la jeunesse

Culture jeune, déviance juvénile et conflit générationnel dans le rap francilien autour de l’an 2000
Hector Jenni

Résumé : L’objectif de cet article est d’étudier la tendance des films d’Agnès Varda à chercher à adopter un regard différent, et à déconstruire les représentations stéréotypées de la vieillesse des femmes. Cette étude se concentre sur l’avant-dernier film de Varda, Visages Villages, dans lequel elle interroge le fait d’être une artiste vieillissante, pratiquant un art ayant vieilli avec elle, le cinéma, art selon elle en crise et en voie de disparition. En particulier, l’article analyse l’une des dernières scènes du film, où Varda parcourt la Grande Galerie du Louvre, voulant nous proposer le cinéma comme lieu privilégié de représentation de
la vieillesse parce que celui-ci est capable de devenir, à la manière d’un musée, un lieu de conservation de toutes les traces matérielles que le temps a laissées derrière lui.

« Je voudrais que ces livres restent, parce que je veux qu’on connaisse mieux les enfants » : la réhabilitation de la jeunesse par elle-même dans les journaux intimes
Emmanuelle Calvisi

Résumé : Au tournant du XXe siècle, de nombreux enfants et adolescents présentent leurs journaux intimes comme des « documents humains » susceptibles d’intéresser la postérité parce qu’ils raconteraient la véritable histoire de la jeunesse, de son propre point de vue, et en ses propres mots. À partir d’une dizaine de carnets rédigés entre 7 et 25 ans par de futurs écrivains (comme Simone de Beauvoir, André Gide ou Raymond Queneau), nous étudierons le contre-discours d’une jeunesse qui, faute d’être entendue dans l’espace public, s’élève dans ses carnets privés contre les stéréotypes associés à cet âge de la vie et à ses écrits. Plus encore, ces jeunes prétendent démontrer par la qualité de leurs journaux que la valeur n’attend pas le nombre des années. Mais cette réhabilitation de la jeunesse, parce qu’elle s’inscrit toujours dans le cadre d’un conflit générationnel, perpétue paradoxalement des stéréotypes âgistes.

La vieillesse dans l’Espagne franquiste de guerre et d’après-guerre. Représentations et images d’une idéologie enseignée aux enfants
Zoé Stibbe

Résumé : La fin de la guerre civile espagnole de 1936-1939 ouvre une longue période d’après-guerre, à la fois répressive à l’égard des vaincus et déterminante pour la construction d’un régime franquiste dont l’ambition est de durer. La jeunesse, constituée de « futurs patriotes », dit la presse de propagande, est une cible privilégiée et les productions scolaires et culturelles se font le relais d’un discours officiel idéologique national-catholique. À l’autre bout de la ligne de vie, les images de la vieillesse, présentes dans l’imaginaire populaire et développées à des fins de propagande, deviennent les instruments d’un discours qui se veut rassembleur et altruiste pour la construction d’une Espagne franquiste « Unie, Grande, Libre ». Dans la binarité et la rigidité de la société franquiste, ce discours rapporté aux enfants est pourtant modulable et cloisonné. Quelle(s) place(s) de la vieillesse dans leur imaginaire ?

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