Numéro 1

Numéro 1 : « Personne »
Année 2009

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Comité de rédaction :
Comité de rédaction : Agathe Dumont / Zeynep Su Kasapoglu / Elsa Polverel
Comité de lecture : Cécile Martin / Cécile Chartier / Anne-Sophie Béliard / Élodie Vignon / Claire Conilleau / Gabriel Laverdière / Agathe Dumont / Zeynep Su Kasapoglu / Elsa Polverel
Mise en ligne : Cécile Chartier
Conception graphique, photographies, mise en pages : Claire Pacquelet (http://www.icietacote.fr/)

Sommaire :

Edito
Elsa Polverel

La quatrième personne du singulier dans Her ou la (semi) autobiographie de Lawrence Ferlinghetti
Pierre-Antoine Pellerin

Ferlinghetti décrit Her comme « un livre noir surréel et plus ou moins autobiographique d’une période moitié folle de ma vie ». Cependant, loin d’adopter les présupposés du genre autobiographique et de son pacte tel que l’analyse et le définit Philippe Lejeune, le poète américain signe une autobiographie poétique écrite à la quatrième personne du singulier, voix impersonnelle qui conteste la forme synthétique du Je-narrant et du Moi-conscience. A la fois autobiographie d’une absence, d’un inconnu anonyme et orphelin qui perd le contrôle du récit de sa vie, et autobiographie de tout le monde, d’un narrateur schizophrène qui s’ouvre à une multiplicité de voix, Ferlinghetti défie les conventions du genre et notamment l’identité entre la personne réelle de l’auteur, la persona du narrateur et le personnage principal. Il ne cherche non pas à faire l’histoire de sa personnalité, mais à dissoudre sa personne dans l’impersonnel du langage poétique.

« Songe d’une nuit d’été » : statut des personnages et statut du texte dans « What Was it ? A Mystery » de Fritz-James O’Brien
Cécile Chartier

La créature invisible de « What Was it? A Mystery » de Fitz-James O’Brien concentre un nombre considérable de possibilités interprétatives. Ce qui rend possible la projection de si nombreux motifs, c’est d’une part le vide représentatif qui lui est propre, puisqu’elle est invisible, mais aussi son statut de pur objet. C’est le narrateur qui l’énonce comme telle en procédant à la réification systématique de la créature en même temps que sa propre auto-promotion. L’accession au statut de « personne » à part entière est donc l’enjeu principal de la narration, mais la distribution que fait le narrateur, dont le narcissisme, la non-fiabilité et la possible folie transparaît ça et là, ne peut satisfaire le lecteur attentif.

Névroses de la personé dans deux romans d’Alasdair Gray et d’Ian Banks
Florence Dujarric

Alasdair Gray et Iain Banks, deux auteurs écossais contemporains, explorent les névroses de la personne en envoyant leurs protagonistes effectuer une quête initiatique dans un autre monde. Lanark et John Orr, les protagonistes de leurs romans respectifs, sont propulsés dans des dystopies urbaines et coupés de leur passé par une amnésie complète. Ils entreprennent de se trouver un nom et une personnalité. Mais bientôt, par réaction, ils commencent à souffrir d’une démultiplication pathologique de leur personnalité, qui se subdivise en autant de personnages distincts se faisant écho les uns des autres dans le chaos le plus total, mais sans parvenir à combler la fracture initiale. Cette crise de la personne mène ensuite à une véritable implosion de l’individu, qui rend possible une nouvelle genèse de la personne en communication avec autrui.

Personne, scène musicale et politiques publiques : une approche comparative. Les cas de la France, de l’Australie et du Québec
Marc Kaiser

Le présent article invite à concevoir la notion de « personne » dans la formation d’identités culturelles, au sein de communautés s’exprimant dans les divers espaces culturels que sont les « scènes musicales », dans leurs rapports aux politiques publiques de gestion de l’identité selon des contextes nationaux particuliers. La « scène », comme terrain d’analyse, rend compte d’un côté de l’objet musical dans une perspective interactionniste à travers l’ensemble des activités qui le compose et, de l’autre, des activités culturelles urbaines ayant une influence directe sur la formation sociale et institutionnelle des villes. Et parce que ces « scènes culturelles » représentent de véritables espaces publics, ces communautés sont perçues comme autant de mouvements culturels qui reconsidèrent les acteurs et les visées des interventions étatiques, révélant dès lors des rapports de force dans les définitions identitaires

La famille comme entité globale ou somme d’individus : la place de la personne dans les évolutions familiales aux Etats-Unis et au Canada
Marie Moreau

En quatre décennies, la famille d’Amérique du nord est passée du modèle unique du couple marié avec plusieurs enfants à un paysage très diversifié de formes familiales. Alors que la famille traditionnelle des années d’après guerre ne laissait aucune place à la personne et poussait les individus à se fondre dans le moule de la conformité, les formes familiales d’aujourd’hui évoluent au fil des désirs des individus qui les composent, mettant la personne au premier plan. Ce processus d’individualisation est probablement ce qui explique l’explosion des formes familiales telles que le concubinage, ou qui a mis sur le devant de la scène les revendications des couples de même sexe et des familles homoparentales. La suppression des rôles différentiés selon les sexes est sans conteste le point d’origine de cette évolution.

Corporéité et personne : du visible à l’énonçable
Clélia Barbut

On se propose ici d’étudier les démarches de certaines plasticiennes contemporaines vis-à-vis du corps, qui semble y apparaître de manière singulière. Dans les œuvres de Cindy Sherman, Kiki Smith ou Orlan, le corps apparaît non pas comme un objet fixe ou délimité, mais démultiplié, disloqué, déployé dans la complexité qui le caractérise. À travers les différentes modalités de sa représentation il semble que ce soient des possibilités corporées de devenir-social qui sont déclinées. Possibilités pour ces corps d’artistes femmes d’être montrés, exposés, énoncés ; possibilités, pour les figures qui s’y trouvent mises en scène, d’être vues, regardées, perçues ; possibilités peut-être enfin, pour les sujets qui y sont représentés, d’être reconnus. Les différentes démarches de ces artistes écrivent les corps à travers leurs moyens d’exister, dans la représentation, comme des éléments politiques intelligibles. Des intentions percent, des capacités d’agir surgissent et, désaccordées et disparates, des subjectivités sont façonnées. N’est-ce pas alors la notion de personne qui émerge, mise en jeu dans ses différentes facettes par ces tracés plastiques, à l’épreuve des conditions stratégiques et discursives qui pèsent sur la représentation des corps ?

 

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